La matière des livres

Des raisons impérieuses dictées par des dieux inconnus et changeants, des procédés, des diagonales et des agencements réglés par l’impatience et la rumination, des données et des événements sans consistance mais inducteurs d’émotions, des écarts et des ruptures, des surprises et des bouleversements, des fusées jaillies fortuitement, des éclairs aveuglants, des sauts dans le temps et dans l’espace, des dons du souvenir et du présent, et des retours de la joie, telle est la matière des livres.

Serge VELAY, Progrès en écriture assez lents, p. 107

Et puis, où ai-je lu et noté ceci ? Je ne m’en souviens plus. La citation est de KAFKA, du moins c’est ainsi qu’elle m’a été rapportée. Peu importe. Il y a dans cette image toute la solitude d’une enfance perdue.

Ces livres contre lesquels on se blottit.

La grammaire

– A l’étude, il apprendra à connaître des morceaux essentiels du monde, les volcans, les plaines, les mers, les fleuves. Et puis la grammaire, surtout la grammaire.

– La grammaire ? murmura Mlle Dargnies.

– La grammaire, reprit Thomas, c’est aussi profond que le ciel, mais mille fois plus compliqué.

Songez-y bien : nous savons que les astres suivent toujours le même chemin dans le temps et dans l’espace. On ne peut pas avoir cette assurance pour nos plus humbles phrases.

André DHÔTEL, La maison du bout du monde, p.64