Voix qui résonnent

C’est le petit chapitre 33 de J.B. PONTALIS [En marge des nuits, p.77], qui porte ce titre. Il s’ouvre par une citation de Th.Laget: Le silence n’est pas l’absence de voix. Il est au contraire le vide qui permet à toutes de résonner.

Pontalis parle ensuite de ces voix qui résonnent dans nos rêves, dans notre parole quand elle parvient à se délivrer de notre « moi » chéri et consent à s’ouvrir, à s’abandonner à toutes les voix, ignorées le plus souvent ou oubliées, qui sont en nous et ont longtemps attendu avant de se faire entendre. Paradoxe: c’est seulement alors, quand le « moi » n’occupe plus seul la scène, que le « je » parle avec sa propre voix.

Au-delà des propos du psychanalyste, j’y note une précieuse analogie avec le travail musical, l’expression du chanteur.

Une écriture asociale

Je rêve d’une écriture analytique, là encore sans trop savoir ce que j’entends au juste par là. Peut-être d’une écriture qui serait asociale – comme le rêve, comme l’analyse, comme la lecture, comme l’amour qui est aussi « vie secrète » – et trouverait dans les ressources du langage le pouvoir d’atteindre tout un chacun en ce qu’il a de plus intime et de plus étranger (heimlich, unheimlich) . A moins qu’il ne nous faille souscrire à cette formule, superbe et déroutante, de Pascal Quignard: « L’invention de l’écriture est la mise au silence du langage. »

J.B. PONTALIS, Traversée des ombres, p. 80