Loving

The Loving Story – L’histoire des Loving

De passage à New York au printemps 2012, je visite – comme chaque fois, la galerie du Centre International de la Photographie, avenue des Amériques, dans le haut de Manhattan. Il y a toujours des expositions formidables. Cette année, je découvre les magnifiques photos de Grey Villet, le journaliste qui, au milieu des années 60, réalisa un reportage sur ce qui devait devenir un cas exemplaire de mariage interracial aux Etats-Unis. Richard et Mildred Loving  – quel nom prédestiné ! – s’étaient mariés en 1958 et, dès 1959, avaient été condamnés à la prison ou à l’exil s’ils ne divorçaient pas. Richard était Blanc, Mildred métisse d’Indien et de Noir. Leur union était impossible, juridiquement et moralement. La bataille juridique qu’ils ont alors engagée contre cette condamnation dura des années et trouva son issue dans le jugement de la Cour Suprême des Etats-Unis déclarant que les lois interdisant les mariages mixtes étaient illégales.

Bien au-delà du fait historique, sans précédent, qu’évoque cette exposition, je vois des photos de toute beauté. Ce qui est particulièrement émouvant, c’est l’amour qui émane de toutes ces images, les moments de tendresse, la douceur des attitudes, la proximité avec les enfants, l’échange des regards entre Richard et Mildred.

The Loving Story c’est aussi un film documentaire, disponible depuis 2011 aux Etats-Unis (HBO) – malheureusement invisible en Europe. Ici le site du film The Loving Story.

Voyez ici la bande annonce du documentaire : The Loving Story

La réconciliation

Des génocides et guerres civiles.

Pour guérir les blessures des guerres fratricides, des violences de toutes sortes, comme pour prévenir leur résurgence, il est essentiel que l’histoire, que les histoires individuelles soient dites et soient entendues. Le devoir de mémoire est donc aussi un devoir de reconnaissance, avant d’être le devoir du souvenir. Il est important de mesurer la difficulté de cette parole, tant de la part des victimes que de la part des bourreaux. D’un côté parce que les victimes y revivent leur souffrance et de l’autre parce que le silence semble être le seul moyen pour les bourreaux de survivre à leur inhumanité.

Mais pour que la souffrance des uns et des autres soit un jour vivable, elle ne peut pas être oubliée, encore moins niée : il faut qu’elle soit dite et reconnue en tant que souffrance. Des deux côtés, victime ou bourreau, pour leur réconciliation, pour que les peuples fratricides puissent à nouveau vivre ensemble, la parole partagée aura le premier rôle.

Voir aussi Alternatives non violentes, n° 137 (décembre 2005), Les défis de la réconciliation.
Et un article intéressant de Barbara CASSIN, Politiques de la mémoire, in Multitudes n°6, sept.2001