La fraternité

Dans ma vie, je me suis battu pour une égalité, pour une liberté, mais la fraternité ne peut se conquérir. C’est un don, elle vient à l’improviste (…). Elle existe, elle a existé, je l’ai goûtée.

Erri De Luca, Le plus et le moins, p.133

Bel hommage à cette fraternité, si souvent oubliée, laissée pour compte, comme si de facto, elle allait suivre la marche de la liberté et de l’égalité, et qu’il ne fallait donc pas s’en occuper. Dans notre monde en lutte(s), si la fraternité est donnée, je considère qu’elle est première. Liberté et égalité naissent d’elle, elles sont ses filles. Et jamais l’inverse, comme on le pense trop souvent. Toute notre attention, toutes nos forces, tout notre soin iront donc à la fraternité. Aujourd’hui – en 2016 – nous en sommes, hélas, si loin !

Ce que nous ne voulons pas

Sans doute ai-je déjà tout écrit sur ce nous d’avant la maison, ce nous de nos années cinquante-soixante dont la lutte s’était concentrée exclusivement sur la prise de conscience et le refus de ce que nous ne voulions pas pour rester disponibles à ce que nous ne savions pas. Au contraire de ce que l’on prétend généralement, en effet, savoir ce qu’on veut c’est déjà accepter de limiter sa vie au connu, alors que savoir ce qu’on ne veut pas ouvre sur les surprises impensées de la vie. Bien sûr cela demande certainement beaucoup de courage – osons le mot – car l’édification sociale vous engage à limiter au connu le « sens » de la vie, alors que s’offrent à vous les champs illimités d’une façon d’être et d’exister sans autre modèle que les pulsions secrètes et incernables de votre personnalité.

Rezvani