Le petit-fils du prince Genji

Etrange et fascinant récit, que celui de L.Krasznahorkai – qui met en scène la quête intemporelle d’un jardin mystérieux, le jardin caché, le centième du célèbre livre Cent beaux jardins. Nous sommes dans le rêve, dans l’histoire, dans la méditation, dans la folie, dans une faille du temps, dans la contemplation zen, dans l’art japonais des jardins, dans le mystère incroyable de la naissance végétale, dans le regard éperdu de cet homme qui a consacré les siècles que dure sa vie à la recherche de ce mystérieux jardin. Et qui, au bout du compte, par inadvertance, par fatalité, par destinée de l’inaboutissement, passera juste à côté sans le voir, au coeur même du temple déserté qu’il a réussi à pénétrer.

Le récit se divise en 50 chapitres, dont manque le premier. Faille du livre ?
Un auteur hongrois pour un livre japonais. Un vrai bonheur de lecture.

Laszlo KRASZNAHORKAI, Au nord par une montagne, au sud par un lac, à l’ouest par des chemins, à l’est par un cours d’eau.
Traduit du hongrois. Publié à Paris chez Cambourakis en 2010.

L’art du tir à l’arc

Par analogie avec le zen japonais,  je note que le travail du chant s’appuie sur les mêmes fondements:  la pratique silencieuse, le soin, l’attention, le calme intérieur, le contrôle du souffle, la posture du corps et celle de l’esprit. Ce qui fonde aussi l’art chevaleresque du tir à l’arc.

Ne pas choisir, mais agir en réponse à la situation exacte, et la situation exacte ne peut être connue que dans un abandon de soi-même. Un bon samu demande d’avoir éliminé le plus gros de tous les germes perturbateurs qui ne cessent de vouloir se manifester dans l’esprit. C’est à dire maintenir l’esprit dans une vacuité foncière, connue par la pratique et la purification du karma, les actes justes et sans restes. Ce n’est pas une discipline compliquée : il s’agit de s’appuyer simplement sur votre véritable état naturel. Cent choses, pourtant, peuvent vous en tenir éloigné à une distance incommensurable. Le désir de trop bien faire, par exemple, vous tiendra aussi éloigné du geste naturel que la négligence. Encore l’ego. Naturellement, ce que l’on ne sait pas faire, on peut rarement le réussir du premier coup. Il faut un long apprentissage, répéter cent fois tous les gestes de la tradition sur le métier.

Antoine MARCEL, Traité de la cabane solitaire, p. 32-33

On consultera avec profit E.HERRIGEL, Le Zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc.

Etre conducteur

Symbole de la bonne forme : le magnétisme. Être conducteur, être traversé, être branché sur les grands circuits souterrains. Baigner dans ce que l’on fait. Comme disaient les vieux taoïstes et ensuite le zen : qu’il n’y ait pas l’épaisseur d’un cheveu entre l’acte et vous-même.

Nicolas BOUVIER, Le vide et le plein, p.46