Ce que je fais m’apprend ce que je cherche

Je relis et extrais des notes du Journal IV de Charles Juliet. Je suis frappé de la coïncidence lorsqu’il cite Soulages: Ce que je fais m’apprend ce que je cherche.

Il ajoute: Impossible de dire plus brièvement ni avec des mots plus simples que peindre – écrire – c’est aller au devant de ce qui cherche à venir au jour, et à travers cela, au devant de la découverte de soi. C’est aussi dire dans le même temps que l’oeuvre ne peut en aucun cas procéder d’une idée qui lui préexisterait. Elle doit s’élaborer au fur et à mesure qu’elle prend forme.

Dans un article précédent [La découverte progressive de l’inattendu], je notais combien le chemin était plus important que le but, combien la découverte dépassait l’idée préconçue. La formule de Soulages trouve à s’illustrer dans toute forme de création. Juliet le notait pour l’écriture, elle m’apparaît tout aussi évidente pour la musique.

Je suis né…

Je suis né dans une rue montante et droite, qui est rue de passage. Je suis né en donnant de la voix, plus fort qu’un autre enfant. C’est le seul souvenir qui soit lié à ce jour. Le récit de ma naissance veut aussi que mon père ait craint une substitution d’enfant dans ces chambres anonymes et que mon identité indiscutable n’ait été rétablie que par la voix un peu rude de ma grand-mère paternelle appelée à la rescousse de cette reconnaissance tardive.

Je n’ai jamais su si ce jour d’octobre avait été beau. La nuit était déjà venue et je suis entré dans un monde nocturne.