Improvisation

En travaillant avec Martha Rodezno.

Elle nous rappelle « la main » de l’improvisation, à entendre comme les 5 doigts [5 éléments, à nouveau ?] de cette main:

  • le mouvement
  • la respiration
  • le son
  • l’imagination
  • la communication

Tout marche ensemble, et rien n’a lieu véritablement s’il manque un des cinq. C’est l’improvisation du danseur, du chanteur, du musicien, …

Elle utilise cette image intéressante: il ne suffit pas de mettre les ingrédients dans la marmite, il faut aussi du feu sous la marmite, pour que « ça prenne ». En d’autres termes, il est indispensable de générer une action, de donner de l’énergie pour que quelque chose se passe. Le lâcher-prise, oui, mais pas au détriment de l’engagement énergétique, de l’investissement dans l’action. Et cet engagement est corporel, physique. Si l’improvisation a besoin d’une forme de lâcher-prise (ou comment oser …), il ne fonctionne pas dans la pure écoute passive, mais dans cette « réciprocité actuante » où chaque danseur, acteur, musicien improvisateur est actif, à un niveau d’énergie suffisant pour être présent à soi et présent à l’autre.

Et la qualité du rapport à soi, authentiquement – mais comment l’évaluer, comme la mesurer ? – c’est surtout l’engagement, le choix délibéré de ne pas priver l’autre de soi-même.

L’agitation

L’espace : le développement des voyages témoigne de l’importance extrême qui lui est accordée. On aurait pu penser, naïvement, que les intenses flux électroniques engendrés par les « nouvelles technologies de l’information et de la communication » entre les êtres humains allaient, au moins en partie, se substituer aux flux des corps. Et certains de se réjouir par avance de cette évolution, combinant l’extension des échanges avec une baisse de la dépense entropique. La réalité est toute différente : les flux d’informations et de personnes augmentent conjointement. L’agitation est considérable.

Olivier REY, Quelle vie, quel voyage, avec qui ?1, in Conférence n°22, p. 16

L’idiome fondamental

L’écriture constitue un cas à part, une technique particulière dans un ensemble sémiotique largement oral. (…) Mais nous ne connaissons aucune population sur cette planète, qui ignore la musique. (…) Elle est l’idiome fondamental de la communication de la sensibilité et du sens.

George STEINER, Les Logocrates

S’il nous arrive de parler au monde, le monde nous parle-t-il et s’il parle, parle-t-il de nous ?

Jacques LACARRIERE, Sourates

Le visage

Le visage. Notre visage. D’abord un effort. Un effort inouï, millénaire pour rassembler les yeux, la bouche, le nez sur une même face, pour affronter le monde autrement que par les yeux écartelés des non primates. Que serait le dialogue humain si nos yeux étaient isolés de chaque côté du front, incrustés sur nos tempes comme chez la plupart des espèces animales ? (…) Pourrait-on véritablement penser, méditer, se concentrer sans ce symposium de nos sens, sans cette confrontation frontale ? Un visage n’est-ce pas d’abord cela : un patient rendez-vous d’organes vers le concile plénier de notre face ?

Jacques LACARRIERE, Sourates, La sourate du visage

La révélation du visage est révélation du langage lui-même. Par conséquent, elle n’a aucun contenu réel, ne dit pas la vérité sur tel ou tel aspect de l’homme ou du monde : elle n’est rien qu’ouverture, rien que communicabilité. Marcher dans la lumière du visage, signifie être cette ouverture, la supporter.

Giorgio AGAMBEN