MORANDI

Nature morte 1962Il y a quelques mois, j’ai eu la chance d’être à New York et de voir, au Metropolitan, la magnifique exposition montée avec le musée de Bologne. Le parcours de Morandi s’y trouve illustré: depuis ses premières natures mortes, ses paysages tranquilles, jusqu’aux dernières compositions. Je pense notamment à ce magnifique trait de pinceau (encre de Chine ? aquarelle ?) qui figure un vase ou deux, mais dans un geste tellement simple qu’on en reste muet.

J’aime beaucoup Morandi. Je le connaissais peu, mais déjà par le texte que Philippe Jaccottet lui a consacré (Le bol du pélerin, La Dogana, 2001). Il y a dans cette peinture une telle économie que le monde semble s’être réduit à quelques lignes, un volume d’une épure parfaite.

Les peintres scandinaves

 

En automne 1999, une splendide exposition se tenait à Lille, consacrée aux peintres finlandais du 19e et du 20e siècle: L’horizon inconnu. J’y suis retourné plusieurs fois, absolument émerveillé. Cette peinture, lumineuse, riche, est une splendeur. Elle éveille en moi une intense nostalgie des paysages finnois, de cette lumière, des décors familiers.

Echappées nordiquesFin 2008 – début 2009, le Musée des Beaux-Arts de Lille a présenté une exposition intitulée Échappées nordiques, consacrée à la peinture scandinave et finlandaise en France, entre 1870 et 1914.

 

Être des praticiens

(…) Il nous vient alors l’idée sombre, exagérée certainement, que – malgré les années nombreuses à creuser notre sillon, faire des découvertes et entretenir des fidélités – personne ne nous attend.  C’est certes désolant pour le commerce, mais combien réjouissant pour l’esprit: quelle liberté ! Nulle commande à honorer, nulle contrainte extérieure à observer, nulle mission à remplir, seulement le plaisir de transmettre, des textes, des œuvres, en véritables amateurs. Voilà une tâche qui ne peut guère peser ni lasser, si l’on met de côté les dures questions d’économie. Personne ne nous attend: raison de plus pour poursuivre. Mettons de côté et poursuivons.

Prospectus des éditions Le Temps qu’il fait, n°55 (2005)

A transposer dans toute pratique amateur, la formulation: « personne ne nous attend » (que nous mêmes) – « nulle mission à remplir » (sauf celle que nous nous donnons à nous-mêmes). Ce qui ne veut pas dire: rien, mais ce qui donne la mesure de l’exigence, pour autant qu’on en ait pour soi-même.

Qu’est-ce que la poésie ?

Anne VL 293Peut-être sommes-nous ici pour dire: maison, fontaine, pont, cruche, porte, verger, fenêtre, – tout au plus: colonne, clocher … mais les dire, comprends-le, oh! les dire de telle sorte, que jamais au fond d’elles-mêmes ces choses ne pussent douter d’être cela.

R.M. RILKE, Neuvième élégie